Oeno-ciné pour les œnophiles du Jura avec un film inédit.
22 personnes adhérentes (le plus jeune a 35 ans) à l’association des Oenophiles et Dégustateurs du Jura se sont retrouvées à St Lothain à la salle des fêtes pour une réunion un peu particulière. Habituellement un « cours », mené par la présidente Marie-Thérèse Grappe permet la découverte de vins choisis.
Ce samedi 12 mars, un film documentaire d’Arnaud Mathey a été projeté sur grand écran. « Un bel hommage aux vignerons jurassiens » déclare la présidente. Monsieur Mathey n’est pas un cinéaste professionnel mais une personne qui a découvert le vignoble jurassien et a voulu faire un film pour immortaliser ses découvertes. Un vrai parcours d’interviews et de commentaires avec des prises de vues magnifiques. L’auteur a surtout mis à l’honneur les anciens en leur donnant la parole dans le film avec le travail de la vigne en toutes saisons, de la taille du printemps aux vendanges et l’élaboration de nos vins du Jura dont le célèbre vin jaune. Durant le film, Joel Morin, retrace la création et le fonctionnement de la première coopérative de France à Arbois. Bernard Badoz évoque la création de la première Percée du vin jaune à Poligny. La famille Clavelin, le Vernois, se remémore les vendanges travail et ambiance. Jean Pierre Bailly de Saint Lothain commente son début du travail de la vigne. Jean Etienne Pignier son travail en bio-dynamie et ses magnifiques caves des Chartreux. Bien d’autres vignerons ont aussi la parole, pour évoquer par exemple les 106 bouteilles de vin de paille et de vin jaune emmurées en 2006 par la fruitière d’Arbois. Ou encore pour expliquer des mots techniques propres au Jura comme, clavelin, part des anges, grande garde, ouillage ou des noms d’outil comme « la bigorette ». Pour les néophytes qui regarderaient le film, Arnaud Mathey apporte aussi la signification d’un lexique complet sur la vigne, vin jaune, perce, vin de paille, mais aussi les différences des fonctions. Vigneron, viticulteur, récoltant, sommelier, caviste, pépiniériste, tractoriste, maître de chais, commercial, beaucoup de fonctions complémentaires et indispensables, mais dans le Jura, souvent le propriétaire cumul les fonctions et se retrouve la plupart du temps seul dans ses vignes.
Tout est abordé et expliqué dans ce film au sujet des vignobles du Jura, sans oublier les fêtes autour des vins, comme la pressée du vin de paille à Arlay et la percée du vin jaune qui tournent chaque année dans un village différent, mais aussi le Biou à Arbois, Pupillin, Vadans et Montholier. Des caves magnifiques et dont l’existence est insoupçonnée depuis la rue sont présentées. Mr Salvatori vigneron à Château-Chalon livre quelques secrets sur les températures des caves nécessaires propres à chaque vin, notamment sèche pour la fabrication du voile dans les tonneaux de vin jaune.
Les surfaces disponibles pour la vigne augmentent mais sont encore très insuffisantes. On découvre dans le film que dans les années 70, étaient produits 450 hectolitres dont 300 environ par le domaine Henri Maire. En 2022, ce sont 2000 ha alors qu’il en faudrait 9000 pour répondre à la demande. « Il faut planter » déclare un vigneron « mais les terres rapportent bien de nos jours pour le lait à Comté, donc pas question de mettre de la vigne ». La richesse du Jura reste le vin jaune avec 52 hectolitres rien qu’en AOC Château-Chalon.
La séance oeno-cinématographique s’est terminée par une dégustation à l’aveugle. 9 bouteilles ont été proposées de vins très différents, mais tous du Jura.
La présidente a précisé que ces vins faisaient partie des bouteilles rapportées lors des déplacements de l’association en visites chez les vignerons jurassiens.
Car le vin n’est pas seulement du vin c’est le fruit du travail des hommes et de la nature. C’est la langue de la fraternité, il évoque la joie de vivre, le plaisir de se rencontrer dans le goût et le sens de la mesure. Lever son verre mais pas seulement pour le boire.